La Cruche de Georges Courteline : drôlement lyrique, poétiquement féroce
La Cruche |
Jusqu’au 22 janvier 2017
L’Envolée Lyrique offre un exceptionnel moment de théâtre populaire et d’opéra burlesque et s’adonne avec délectation aux quiproquos entre jugements de valeurs, secrets et mensonges… Les situations y sont désopilantes. Dans La Cruche, le verbe mordant de l’auteur nous entraîne au cœur de situations ahurissantes et fort drôles. Le propos, courtelinesque à souhait, nous montre dans un décor surprenant que Margot est la maîtresse de Laurianne. Camille est la maîtresse de Duvernié. Mais Laurianne, lui, voudrait bien être l’amant de Camille et Duvernié l’amant de Margot et inversement. Vous suivez ? Henri de Vasselot, metteur en scène, dit du théâtre de Courteline qu’il est enlevé, qu’il est fait pour rire et qu’il représente une peinture piquante des mœurs de son époque. La Cruche fut créée au Théâtre de la Renaissance le 27 février 1909 et entrait au répertoire de la Comédie-Française le 5 février 1919. Après vos Cosi fan tutte et Les Contes d’Hoffmann (Prix du Public au Festival d’Avignon 2013 et 2014), pourquoi avoir choisi de monter La Cruche ? Henri de Vasselot : Courteline utilise le vocabulaire comme une palette aux mille couleurs qu’il applique sur la toile de sa dramaturgie à l’aide du pinceau de la syntaxe. La Cruche est un nuancier de finesse et d’éloquence, de lâcheté et de tendresse, de drôlerie et de burlesque. La pièce est replacée à son époque, on y savoure ainsi les costumes qui décrivent les clivages d’une société peuplée de personnages passionnés, égoïstes, rêveurs, pragmatiques et cruels. Les décors tiennent à la fois de la maison de poupée et de la boîte à musique. Ils sont peints dans l’esprit des tableaux pointillistes et hyperréalistes rappelant que la pièce a été créée en plein carrefour artistique. Quelle part accordez-vous au lyrique ? Le théâtre musical est l’objectif que vous vous êtes fixé en créant la compagnie ? H. de Vasselot : L’Envolée Lyrique est née d’une volonté collective de démocratiser l’art lyrique en restaurant le lien entre théâtre populaire et opéra. Il n’y a pas si longtemps, l’opéra était un lieu d’intrigue et de rendez-vous, son apparat était l’épicentre d’un foisonnement social où se mélangeaient les classes, les âges et les gens. Nous cherchons à recréer cette mixité auprès de notre public en adaptant les œuvres du répertoire, grâce à une troupe d’artistes pluridisciplinaires, chanteurs-comédiens-instrumentistes animés par l’excellence et le partage.
Une troupe ? H. de Vasselot : L’Envolée Lyrique reconstitue l’esprit de la Troupe sillonnant les routes de la francophonie avec plusieurs œuvres dans son escarcelle, elle se produit partout où le vent la porte, amenant l’opéra et le théâtre hors les murs avec humour et exigence. Les comédiennes et comédiens, chanteurs et chanteuses lyriques y tartinent une couche de légèreté, y saupoudrent une touche de lyrique a cappella et livrent une profonde satire sociale abordant un thème très actuel : “Pourquoi vivre heureux quand on peut ne pas l’être ?” On retrouve bien là le vrai Courteline disparu en 1929 dont Sacha Guitry disait : “Il ne doit rien à personne. Ni à Cervantès, ni à l’humour anglo-saxon, ni même au snobisme. Son génie lui est personnel. Il n’a même pas de comptes à rendre à Molière !” On retient un grand moment de théâtre, on ressent avec délectation que l’Envolée Lyrique possède la joie de chanter, le bonheur de vivre et de jouer. Léger, Courteline ? Allez-y donc, on en reparlera ! Patrick duCome [Photo © Cédric Barbereau] |
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